@started ( Nephilim ) est un membre de notre réseau et, grâce à internet, il a réussi à traverser les frontières ( et la mer ! ) qui séparent l’Algérie, son pays où il vit, de la France . Il a décidé de briser un tabou dans son pays, comme il nous l’a raconté, à A Alger, il n’y a pas vraiment de structure pour les personnes souffrant de bipolarité, ils sont plutôt considérés comme « malade mentaux » au sens mauvais du terme ( fou si vous préférez ) … Alors, pour pouvoir se fondre dans une population qui se doit d’être normale, il se bat contre sa maladie qu’il a du mal encore à comprendre . Il a d’ailleurs beaucoup de mal avec sa propre personnalité, à savoir qui il est vraiment et qui il sera demain … Découvrez son témoignage …

Je suis Algérien MAIS bipolaire …
J’ai 33 ans et je suis d’Alger . Mon premier épisode était à 17 ans, ce n’était pas des moindres car cela m’a valu une hospitalisation de 3 ou 4 mois dans un service fermé et attaché avec toute la panoplie; je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, car le plus étonnant, c’est que je garde intact dans ma mémoire chaque détail de ce qui s’est passé, mais sans pouvoir expliquer cette sensation de ne pas être le maître à bord. Mon hospitalisation était assez difficile surtout dans un contexte social où on ne peut parler de choses pareilles; à défaut d’être catalogué de fou … Du coup, ma famille proche m’a inventé des vacances pour justifier mon absence à mes amis … Tu parles de vacances ! Mdr …
Après avoir était bourré d’Haldol et de je ne sais quelle autre pilule que je prenais à l’hôpital, le psy a décidé de me laisser sortir avec des séances une fois par semaine. Le retour chez moi était aussi bizarre, j’étais toujours dans les vapes, et pendant plusieurs semaines, je ne comprenais toujours pas le pourquoi du comment. Le psy a décidé de me mettre sous Zyprexa<lien<, et ce fût une descente aux enfers; à côté, Dante’s Inferno était une ballade !!! Ça me rendait tout simplement quelqu’un d’autre, je ne pouvais pas me concentrer sur mes études : somnolence la journée et insomnie le soir avec des migraines . J’ai même dû m’inventer un travail de nuit pour justifier ma somnolence à mes amis et mon entourage . Comme un malheur n’arrive jamais seul, la même année, je perd mon père … Il décède un an après ma sortie . J’avoue que, contre toute attente, j’ai tenu le coup, mais petit à petit je me suis retrouvé à sombrer . Après deux ans d’enfer, mon psy a finalement opté à changer mon traitement pour du Tegretol 400 et c’était la première fois qu’on a mis un nom sur ce que j’avais :
J’étais bipolaire …
Je me souviens du psy qui me dessine sur une feuille deux pôles comme si j’étais incapable de m’imaginer cela ! Haha, j’avais juste envie de dire « merci pour les deux ans de mauvais traitements ! » Bref, je continue à vivre sous Tegretol, mais faut savoir que mon psy a décidé que c’était inutile de le revoir, que j’avais juste à faire une Tegretolemie de temps à autre, de prendre mon comprimé et de faire ma vie quoi ! Ce que je fais est la première fois dans ma vie que je raconte mon histoire, car jusqu’à ce jour, aucune personne ne sait ce que j’ai et je dois fournir 5 fois plus d’efforts pour être au même niveau émotionnel . Il faut bien que vous compreniez qu’ici, à Alger, ce n’est vraiment pas l’endroit pour partager qu’on a un trouble dans sa tête . On te catalogue directe de fou ou d’attardé . Bref, tout ça pour dire que le pire, c’est que je n’arrive pas à comprendre où le vrai moi se situe … Est-ce que je suis triste à cause d’une pensée ? C’est moi ou c’est cette maladie qui me le fait ressentir ainsi ? Est-ce que le fait que j’arrive pas à me caser est parce que j’ai un caractère de merde ? ( ce que je suis pratiquement sûr, mdr ) Ou c’est parce que cette maladie me rend insupportable ?
Avec le temps, je peux prendre du recul sur mes phases et je les vis en étant conscient de la chose, mais j’avoue que je suis complètement perdu et que je ne sais pas si un jour j’aurais la réponse sur qui je suis et qu’est-ce que cette maladie me fait devenir …
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